Avec “Bees and other important things”, on prend le temps de s’arrêter, de respirer et d’admirer la simplicité des choses, des fleurs aux abeilles, en passant par le jardin et la salle à manger. Dans cet instant comme coupé du monde, il faut faire attention à ne pas réveiller le chien, qui dort paisiblement entre vos pieds. On prend le temps de boire un café, un livre à la main.
Texte de Zena Serhal
Le projet, baptisé “Bees and other important things”, naît du long travail préparatoire de BD Graft amorcé en 2018. Celui-ci a eu le temps de s’épanouir durant quatre longues années, marquées notamment par la crise sanitaire. BD Graft a pu en profiter pour continuer et approfondir son travail, plus abouti au bout d’un an d’incertitude et confinements successifs.
Artiste autodidacte, l’œuvre de BD Graft est caractérisée par le collage, le dessin, la peinture grand format et la sculpture en céramique. Diplômé en cinéma et littérature anglaise à l’Université d’Amsterdam (Pays-Bas), il se dédit à la pratique artistique depuis maintenant sept ans. Il se fait connaitre d’abord sur les réseaux sociaux, via son compte Instagram précisément, en partageant ses installations artistiques. Il expose ses œuvres à Séoul (Corée du Sud), puis à New York (États-Unis), pour enfin arriver à Paris. Son premier solo show a eu lieu à Rotterdam (Pays-Bas).
Ce que l’on peut observer dans l’exposition ne représente qu’une infime partie du projet “Bees and other important things” ; l’univers de l’artiste évoluant constamment. Certains tableaux ont plusieurs années quand d’autres sont tout récents. Son œuvre intègre un imaginaire à la fois naïf et travaillé, où simplicité et esthétique se lient à la complexité d’interprétation.
“Pourquoi ce titre ?” est sûrement la première question que l’on se pose en s’intéressant aux tableaux de l’artiste. Les abeilles sont un élément récurrent de l’univers de BD Graft. Pour autant, elles se sont invitées d’elles-mêmes : il s’est d’abord fait connaître avec ses agencements de plantes, dont il fait la collection et son rapport à la nature. Petit à petit, ces petits êtres prennent une place de plus en plus importante et ses abonnés, sur les réseaux sociaux, y sont sensibles.
L’œuvre de BD Graft est d’autant plus riche que l’on peut y percevoir deux volets d’interprétation : l’un spontané, instinctif, esthétiquement beau, des émotions qui traversent le tableau, des représentations de scènes du quotidien, quelque chose de très calme et animé par le rythme de la vie tranquille. Il y a là un effet presque thérapeutique. Ces abeilles, qui ne sont plus seulement éléments du décor, mais des personnages centraux de l’œuvre, apportent encore un peu plus de douceur. Le coup de pinceau rappelle le dessin de quand on était petits, rappelant l’art naïf dans toute sa splendeur, mais avec une vision contemporaine : on peut ainsi y déceler un symbole de nos préoccupations écologiques actuelles.
White & Blue Interior. BD Graft, grâce à cette scène d’intérieur, participe à une réflexion sur la thématique de la nature morte, dont il en fait sa propre interprétation. Le style rappelle l’héritage de certains peintres, comme Matisse (1869-1954), De Vlaminck (1876-1958) ou Van Dongen (1877-1968), dans lequel BD Graft s’inscrit.
BD Graft –White & Blue Interior
“Bees and other important things”, du 16 octobre au 27 novembre 2021 à la galerie Double V, 37 rue Chapon, Paris 3e.