Galerie Afikaris : Jean-David Nkot représente le corps et les territoires sous le prisme de l’exploitation minière.

La galerie Afikaris accueille les œuvres de l’artiste plasticien Jean-David Nkot dans une nouvelle exposition sur la condition humaine et l’exploitation minière. “Les pommes de la discorde” font suite à sa première exposition personnelle, portant sur le même sujet et présentée l’année dernière à la galerie.

Texte de Joanne Bourdin

Dans son travail, Jean-David Nkot veut écrire l’histoire de ceux qu’on ne regarde pas. 

Sous le titre de “Les pommes de la discorde”, l’artiste représente les corps, matières comme outils, et leurs relations avec le territoire. Incarnées par des batteries de voiture, ces pommes de la discorde contemporaines et leurs rapports aux populations locales, ces figures invisibles de l’économie du marché, sont symptomatiques d’ une société de surconsommation aux besoins intarissables. 

À travers ce titre, Jean David Nkot effectue un parallèle entre les conditions de l’exploitation minière africaine et le mythe de la guerre de Troie dans “l’Iliade” d’Homère. Pomme d’or jetée par une déesse ou épuisement des corps et des matières premières, les pommes de la discorde présentent des enjeux socio-économiques et politiques destructeurs.

“Des recherches esthétiques sur les pas d’une peinture engagée”

Depuis sa première exposition “Humain@conditions” qui explorait déjà les relations entre corps et territoire, l’esthétique de l’artiste a évolué même si certains codes restent similaires. 

Au sein d’une même exposition, Jean-David Nkot utilise différentes techniques, à travers des tonalités de couleurs différentes.

JD-NKOT – @Les-Enjeux-De-La-Mondialisation-1.org, 170x100cm, 2022 © Galerie Afikaris

La peinture ci-dessus apparaît comme une exploration du maniérisme, un mouvement de la renaissance qui met à l’honneur le clair-obscur. Jean-David Nkot la retravaille à sa manière pour mettre en avant ce corps délicat, en contrastant la couleur, qui parait assez brute en comparaison à la délicatesse qui se détache de la position du corps. 

“Il choisit ses couleurs en fonction de ce qu’il ressent et comment il voit sa toile. C’est aussi pour montrer que ce n’est pas uniquement esthétique. Il y a un véritable propos derrière et c’est ce qu’il veut dire en montrant qu’il peut aller dans un registre plus sombre, tout en ayant un propos qui est le même et qui est très présent et marqué” nous explique Michaël Hadji-Minaglou, responsable de la galerie Afikaris.

Ces œuvres sont composées à partir de photographies qu’il a prises lui-même. Dans un studio à Douala, au Cameroun, Jean-David Nkot met en scène des personnes de son entourage, qu’il utilise comme modèle pour illustrer ses propos. Il utilise ses photos comme outils pour concevoir ses toiles et ajoute ensuite les éléments qui le caractérisent : les cartes et les timbres.

“C’est un peu sa signature, la carte est là depuis 2017 donc dès le début de son travail.” précise Michaëla Hadji-Minaglou. “C’est aussi une manière de montrer à quel point le territoire a un impact sur le corps et sur l’identité, comment ces personnes survivent dans un environnement hostile. “

JD-NKOT – www#Pomme-de-la-discorde.org, 160×140-cm, Acrylique-serigraphie-posca-sur-toile, 2022 © Galerie Afikaris

Sur cette œuvre, il y a également une carte plus topographique pour signifier les territoires et surtout où se trouvent les minerais en arrière-plan. Par-dessus, l’artiste représente une carte de ville, inspirée de Dakar et de Paris. Ces diverses cartes donnent une texture au corps et montrent également comment les communautés locales se construisent en fonction des richesses des territoires.

 

Cette toile traite également du travail des enfants en représentant un petit garçon qui manipule la batterie d’une voiture. Sur son corps, sont écrits des slogans de voitures électriques. Si ces voitures sont vendues comme meilleures pour l’environnement, les minerais qui composent leurs batteries sont enfouis encore plus profondément dans le sol. Leurs extractions nécessitent donc le travail d’enfants, qui peuvent se glisser dans des passages plus étroits et dangereux. Cette œuvre comporte un message qui prend une double direction : le parallèle entre le désir de protéger l’environnement tout en détruisant les locaux et leurs écosystèmes, et le contraste entre le prix de ces voitures électriques et le salaire des mineurs. 

JD-NKOT – ##Pharaons@des crevasses.org, 240x200cm, 2022 © Galerie Afikaris

Comme dans sa première exposition, il y a toujours cette nécessité de montrer la résilience des corps, les moments de fierté. 

 

“Le timbre prend sens, car il voit toutes ses toiles comme un message qu’il envoie au monde, un des moyens les plus simple, c’est de poster.” Michaël Hadji-Minaglou. 

Il y a cette double signification du timbre qui fait aussi référence à la circulation des hommes, Jean-David Nkot ayant eu son visa refusé plusieurs fois dans le passé, alors que ses œuvres pouvaient circuler librement.

L’idée du message est très importante et on la retrouve dans le titre de ses toiles, qui comporte toujours des éléments de communication digitale  (donner exemple en fonction des visuels)

“L’exposition a vraiment pour objectif de prêter attention à ces gens qui travaillent et dont on ne connaît pas l’existence. C’est un appel à la bienveillance, à la protection de l’environnement et à nous pousser à réfléchir notre mode de consommation, celui du “produire toujours plus”. C’est un appel à cette protection de l’écosystème. ” conclut Michaël Hadji-Minaglou, responsable de la galerie Afikaris.

La galerie Afikaris vous ouvre ses portes jusqu’au 12 juillet pour aller admirer “les pommes de la discorde” de Jean-David Nkot.

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